Les blessures susceptibles d’affecter les tubercules peuvent être classées en 4 catégories principales en fonction notamment du niveau d’endommagement de l’épiderme et des couches cellulaires sous-jacentes :
Quel que soit leur type, les blessures observées sur le tubercule sont généralement liées à un impact, parfois un simple frottement ou une pression, reçu par celui-ci lors des opérations de récolte ou de manutention (mise en tas, reprise, conditionnement, etc.) ou pendant la période de conservation. L’énergie et l’angle d’impact, sa direction, le niveau de subérisation de l’épiderme et les caractéristiques physico-chimiques du tubercule (teneur en matière sèche et en tyrosine, turgescence des cellules, propriétés des parois cellulaires, etc.) aboutissent à l’expression de l’un ou l’autre des symptômes décrits dans ce chapitre.
Symptômes sur tubercule
Les endommagements de type fracture (dommages externes, fissures, éclatements) sont des blessures caractérisées par une rupture plus ou moins profonde et étendue des parois cellulaires. Selon les cas, on les dénommera ainsi fissures, éclatements ou encore écrasements internes (photos 9 et 10). Ils sont directement visibles à la surface des tubercules aussitôt après l’impact, le plus souvent d’énergie élevée. Sur pomme de terre féculière, des écrasements importants peuvent être à l’origine d’une libération des grains d’amidon, donnant des symptômes dits « amas de fécule » (photos 11 et 12).
L’utilisation de révélateurs colorés (perchlorure de fer, pyrocatéchol) permet de faciliter leur détection à condition d’être appliqués dès l’apparition du traumatisme. Ces lésions, mettant à nu la chair des tubercules et demandant plusieurs jours pour parvenir à une cicatrisation suffisante, constituent une porte d’entrée privilégiée pour différents agents de pourritures (Phoma, Fusarium, Pectobacterium, etc.).
Moyens de lutte
Le facteur variétal constitue un élément prépondérant de plus ou moins forte sensibilité des tubercules à ce type de blessure. Dans des conditions de production similaires, et pour un même impact, certains cultivars présentent un éclatement total alors que d’autres ne laissent apparaître que quelques fissures superficielles. En dehors de cet aspect variétal, plusieurs facteurs sont susceptibles d’accroître la sensibilité intrinsèque des tubercules : pression de turgescence élevée (fortes précipitations ou sur-irrigation), manque de maturité, maintien dans le sol insuffisant, basses températures de manipulation, etc.
De manière générale, indépendamment du choix variétal, tous les dispositifs cherchant à limiter les énergies d’impact des tubercules sont à privilégier tout au long du circuit de récolte/manutention : hauteur de chute inférieure à 30 cm, vitesse de tapis inférieure à 40 m/min, équipements amortisseurs de chute, gainages et protections mousse performants, etc. Lors de l’arrachage les réglages doivent être particulièrement bien ajustés : vitesse de rotation des chaînes cohérente par rapport à la vitesse d’avancement (rapport idéalement compris entre 0,8 et 1,2), secouage limité, agressivité modérée des équipements d’effanage et de déterrage, etc. On cherchera à récolter des tubercules mûrs, ayant eu un temps de maintien dans le sol suffisant pour parvenir à une bonne subérisation de l’épiderme, tout en proscrivant les conditions trop sèches ou trop humides ou encore trop froides. Pour toute manipulation, la température des tubercules ne devrait en aucun cas être inférieure à 10 °C.