Les blessures susceptibles d’affecter les tubercules peuvent être classées en 4 catégories principales en fonction notamment du niveau d’endommagement de l’épiderme et des couches cellulaires sous-jacentes :
Quel que soit leur type, les blessures observées sur le tubercule sont généralement liées à un impact, parfois un simple frottement ou une pression, reçu par celui-ci lors des opérations de récolte ou de manutention (mise en tas, reprise, conditionnement, etc.) ou pendant la période de conservation. L’énergie et l’angle d’impact, sa direction, le niveau de subérisation de l’épiderme et les caractéristiques physico-chimiques du tubercule (teneur en matière sèche et en tyrosine, turgescence des cellules, propriétés des parois cellulaires, etc.) aboutissent à l’expression de l’un ou l’autre des symptômes décrits dans ce chapitre.
Symptômes sur tubercule
Les symptômes de facettes ou faces planes apparaissent généralement sur les tubercules après plusieurs mois de conservation. Bien qu’ils puissent être visibles sur les tubercules du sommet du tas ou des caisses-palettes, ils sont le plus souvent plus nombreux sur ceux de la base et à proximité des gaines de ventilation (d’où leur appellation de « plats de ventilation »).
Les tubercules présentent en surface des zones planes, plus ou moins marquées et étendues, accompagnées ou non d’un flétrissement et d’un aspect terne de la peau (photos 1 à 4). À ce niveau, celle-ci peut présenter une lésion, le plus souvent assez superficielle et de dimension limitée. Dans les cas les plus graves d’aplatissement des tubercules et après une conservation de longue durée, un symptôme de type noircissement interne peut apparaître dans les tissus sous-jacents dans les heures suivant leur déstockage.
Ces symptômes ne doivent pas être confondus avec des aplatissements naturels observés au champ lorsque les conditions de croissance des tubercules dans le sol sont mauvaises (mauvaise structure ou structure dégradée, mauvaise préparation de sol, présence de mottes et de pierres ou plantation trop profonde).
Moyens de lutte
L’affaissement localisé des tissus superficiels des tubercules est lié à deux causes principales susceptibles d’agir individuellement ou de façon combinée.
Ces facettes proviennent généralement d’une déshydratation localisée liée à une ventilation trop violente ou trop déshydratante. Elles sont accentuées lorsque celle-ci intervient sur des tubercules encore immatures ou présentant des endommagements mécaniques mêmes peu profonds mais encore mal cicatrisés.
La pression du tas peut également constituer un facteur d’apparition ou un élément aggravant lorsque la hauteur de stockage devient trop importante (supérieure à 3,5 m) ou que la forme et le calibre des tubercules limitent les surfaces de contact entre eux et accroissent indirectement les pressions de contact.
Dans les cas graves, il y a endommagement des membranes cellulaires des tissus internes sous- jacents accompagné d’une asphyxie locale débouchant sur l’apparition de noircissement interne après déstockage.
Disposer de tubercules mûrs et non blessés lors de la mise en stockage limitera les risques de déshydratation ultérieure en conservation ce qui nécessite d’apporter un soin rigoureux au choix de la date de défanage, à la durée de maintien dans le sol et aux opérations de récolte. Dans le cas d’un stockage en vrac, il est préférable de limiter la hauteur du tas entre 3 et 4 m.
Dès la mise en stockage, il convient d’adapter le débit de ventilation à la quantité de tubercules présents dans le bâtiment tout en cherchant à assurer une période de cicatrisation de 10 à 15 jours après la mise en tas ou en palox, avant la mise en œuvre d’un refroidissement trop rapide du tas. Le caractère déshydratant de l’air ventilé ou réfrigéré sera minimisé en limitant l’écart de température entre l’air brassé et les tubercules et en privilégiant des niveaux d’hygrométrie élevés. La mise en œuvre d’équipements d’humidification d’air peut apporter une aide le plus souvent appréciable dans ce sens.