Agent(s) responsable(s) et transmission
Le virus de la mosaïque du concombre (Cucumber mosaic virus ou CMV), espèce-type du genre Cucumovirus, a été identifié à l’origine sur concombre (Cucumis sativus) associé à des symptômes de mosaïque, qui expliquent sa dénomination. Depuis lors, le virus CMV a été décrit comme pouvant infecter une large gamme de plantes, comprenant des Cucurbitacées comme la courgette ou le melon et d’autres cultures légumières comme la tomate, le poivron, le haricot, le céleri, la laitue, l’épinard ou la betterave ainsi que le tabac, le bananier et de nombreuses adventices et plantes ornementales. Il a aussi été signalé ponctuellement sur pomme de terre.
Le CMV peut être acquis et transmis par plus de 80 espèces de pucerons selon un mode non-persistant, au cours de piqures très brèves et superficielles sur des plantes infectées. Le puceron vert du pêcher, Myzus persicae, est l’espèce vectrice la plus importante mais le CMV, comme le virus PVY, peut être transmis par des dizaines d’autres espèces d’aphides.
Les adventices constituent le principal réservoir du CMV.
Le CMV, comme le virus de la nécrose du tabac (TNV), n’est généralement pas transmis du tubercule-mère à la génération suivante. Cependant des infections secondaires avec de sévères symptômes peuvent apparaître chez quelques variétés (Désirée), alors que ce n’est pas le cas pour des variétés comme Santé ou Hinga.
Symptômes en végétation
Les symptômes les plus fréquemment observés sur pomme de terre sont des formes de mosaïques avec des frisolées sur les folioles apicales.
Des boursouflures ont aussi été décrites sur le feuillage. Des taches jaunes assez brillantes se manifestent fréquemment lors des infections secondaires (photo). Le jaunissement s’étend ensuite aux pétioles des feuilles qui deviennent pendantes le long des tiges. Le virus n’est dans ce cas détectable que dans les parties de la plante présentant des symptômes.
En Californie, la maladie a eu en 1984 un caractère épidémique localisé sur les variétés White Rose et Red La Soda. 60 à 100 % des plantes étaient infectées et exprimaient des symptômes de mosaïque, déformations et nécroses des apex, nanisme et maturité précoce ; 95 % des tubercules n’étaient pas commercialisables pour cause de sévères malformations.
La source d’inoculum était, dans ce cas, une culture d’une légumineuse (Vigna unguiculata) très infectée par le CMV.
Moyens de lutte
Le CMV est détecté par test ELISA avec des sérums polyclonaux.
En raison du peu d’importance économique de ce virus, aucun traitement spécifique n’est généralement justifié. La dissémination du CMV par pucerons est freinée par les huiles minérales normalement appliquées pour lutter contre les virus Y ou A. Les recherches récentes sur la résistance génétique de la pomme de terre à ce virus mettent en évidence d’importantes différences de sensibilité variétale.
Aucune résistance extrême n’a été mise en évidence chez des solanums sud-américains résistants aux virus majeurs de la pomme de terre.
Importance économique
Le virus CMV est présent dans le monde entier, en climat tropical ou tempéré.
Il est considéré dans certains pays (Amérique du Sud et du Nord, Asie, Moyen-Orient, bassin méditerranéen) comme un virus d’importance économique sur de nombreuses cultures sur lesquelles il peut causer de lourdes pertes, notamment chez plusieurs Cucurbitacées, des légumineuses, des cultures ornementales, la tomate, le poivron, le tabac ou le bananier.
Les symptômes causés par ce virus sur ces différentes plantes comprennent des mosaïques foliaires des jaunissements, des taches et anneaux nécrotiques, des nanismes et des déformations de feuilles, fleurs et fruits.
Le CMV n’est pas très fréquent chez la pomme de terre. Il a été décrit au cours des vingt dernières années aux Etats-Unis, en Égypte, en Arabie Saoudite et en Inde. Il a aussi été détecté dans le passé autour du bassin méditerranéen et en Europe (Angleterre, Allemagne, Estonie).