Agent(s) responsable(s) et transmission
Les viroïdes sont de petits organismes qui peuvent causer de graves dommages aux plantes et qui sont constitués d’une « particule » de matériel génétique à simple brin (i.e. acide ribonucléique ou ARN) non protégée par une enveloppe ou capside protéique, ce qui le différencie d’un virus à ARN.
Le viroïde des tubercules de pomme de terre en fuseau est facilement transmissible par contact et peut donc être disséminé mécaniquement de plante à plante ou par du matériel contaminé, lors des opérations culturales. La coupe des tubercules de semence avant la plantation accroît le risque de dissémination des viroïdes. La transmission du PSTVd par des insectes suceurs et broyeurs a été signalée mais il a été montré que dans les cultures de pomme de terre, les pucerons ne transmettent efficacement la maladie que dans le cas où ils sont également porteurs du virus de l’enroulement (PLRV).
Outre les tubercules infectés de plants de pomme de terre, le PSTVd est aussi transmissible par le pollen des fleurs de pomme de terre et de tomate. Les graines de pomme de terre (TPS) formées sur une plante infectée peuvent être jusqu’à 100 % infectées par le PSTVd.
Autres viroïdes
Le seul viroïde connu pour infecter naturellement les espèces cultivées de pomme de terre est le Potato spindle tuber pospiviroid (PSTVd) mais d’autres espèces de viroïdes, dans le genre des Pospiviroïdes, par exemple, Citrus exocortis viroid (CEVd),
Columnea latent viroid (CLVD), Chrysanthemum stunt viroid (CSVd) et Tomato chlorotic dwarf viroid (TCDVd) peuvent infecter les tomates et/ou les plantes ornementales.
Expérimentalement, il a été démontré qu’il est possible d’infecter des espèces de pommes de terre cultivées. Cette infection expérimentale avec d’autres pospiviroïdes peut entraîner des symptômes graves avec une forte déformation et l’allongement des tubercules, similaires au PSTVd.
Symptômes en végétation
Dans le cas d’une souche virulente, des symptômes sur feuillage peuvent être observés en végétation sur pomme de terre (photo 2) : les plantes sont nanifiées et présentent un port dressé et un aspect plus frêle que les plantes saines. Les feuilles sont de taille réduite, parfois déformées ou enroulées en cuillère, et leur couleur peut être altérée vers le vert foncé ou au contraire le jaune pâle. Le nanisme des plantes peut être associé à un port dressé du fait d’une insertion des pétioles sur la tige avec un angle plus aigu. Des infections plus légères de PSTVd peuvent être asymptomatiques sur feuillage.
De fortes pertes de rendement peuvent se produire sur des cultures de pomme de terre infectées par le PSTVd.
Certains isolats de ce viroïde peuvent induire de fortes déformations foliaires sur des plants de tomate cultivés à des températures autour de 25 °C (photo 3).
Symptômes sur tubercule
Les tubercules atteints de certaines variétés sont allongés avec un aspect fusiforme et parfois une réduction de la taille des tubercules (photo 1) est observée. Sur d’autres cultivars, les tubercules peuvent présenter aussi des bosselures et déformations au niveau des yeux. Les yeux apparaissent alors plus superficiels et marqués et les tubercules sont souvent craquelés
Facteurs de risques
Dans les zones indemnes, la découverte d’un foyer de PSTVd ou d’un autre viroïde résulte de l’introduction de plantes infectées, pouvant être des ornementales provenant de zones infectées et introduites comme matériel de reproduction ou comme ressources génétiques et de mesures insuffisantes de quarantaine et certification.
Le contact mécanique entre plantes, avec des opérateurs ou du matériel, peut facilement disséminer le PSTVd, que ce soit au champ avec le matériel agricole – comme les tracteurs ou les pulvérisateurs – passant dans les cultures mais aussi en serre ou durant le processus de micropropagation.
Moyens de lutte
Le viroïde PSTVd fait partie de la liste des organismes règlementés dans de nombreuses régions du monde, comme dans l’Union Européenne, où il est classé en organisme règlementé non de quarantaine, avec une tolérance nulle concernant les plants de pomme de terre.
Du fait de l’absence de protéines de capside, les techniques sérologiques adaptées à la détection des virus (ELISA en particulier) ne sont pas utilisables pour la détection des viroïdes. Les méthodes courantes de détection reposent sur des techniques moléculaires (hybridation, RT-PCR, etc.), d’électrophorèse ou d’indexage.
La lutte contre le viroïde des tubercules de pomme de terre en fuseau consiste d’abord à utiliser des plants certifiés de pomme de terre issus de tubercules qui ont été testés et reconnus indemnes de PSTVd. La plupart des schémas de certification prévoient des contrôles rigoureux de l’introduction de matériel végétal (pour multiplication ou ressources génétiques). Du fait que les plantes ornementales peuvent être des hôtes réservoirs asymptomatiques, il est également important de prévenir toute introduction de Solanacées cultivées ou ornementales provenant de zones à risque (Amérique du Sud, Asie, Europe centrale, etc.) et de réaliser des contrôles rigoureux sur les introductions de matériel végétal, le matériel de départ et les collections génétiques.
En cas de découverte de PSTVd, il est important d’appliquer des mesures strictes d’hygiène :
- lavage et désinfection des équipements et outils avant déplacement vers une autre parcelle ou la plantation d’un autre lot ;
- plantation de tubercules entiers plutôt que coupés ;
- maîtrise des populations d’insectes, en particulier des pucerons et des insectes broyeurs ;
- inspection attentive des cultures et élimination immédiate de toute plante malade ou suspecte ;
- mise en place d’un programme d’analyses rigoureux sur les viroïdes.
Importance économique
Le PSTVd constitue une menace importante pour des plantes hôtes comme la pomme de terre ou la tomate, mais des infections naturelles par le PSTVd ont aussi été signalées sur avocat, aubergine, pepino, poivron et des espèces sauvages de Solanum. Des cas d’infections naturelles de plantes ornementales comme Solanum jasminoides ou d’adventices de la famille des Solanacées (comme les morelles) ont également été signalés.
Sur pomme de terre, les pertes de rendement varient selon la souche, la variété et les conditions de croissance mais elles peuvent atteindre 65 à 80 % pour des souches sévères de PSTVd.