Agent(s) responsable(s) et transmission
La pourriture grise causée par le champignon Botrytis cinerea est une maladie très commune sur de nombreuses plantes. En général, elle ne constitue pas un problème sérieux sur les pommes de terre sauf parfois en climats froids et humides. Le feuillage des cultures mûrissantes peut être partiellement ou totalement détruit par ce champignon, mais généralement sans impact important sur la production.
Botrytis cinerea est un champignon nécrotrophe appartenant aux Ascomycètes et à la famille des Sclerotiniacées. Il est capable de provoquer la pourriture grise sur de nombreuses espèces végétales, pouvant entraîner des dégâts importants sur des cultures de plein champ ou sous abri, comme la tomate, la fraise ou encore la vigne.
La pourriture grise causée par Botrytis cinerea est présente dans le monde entier sur les pommes de terre mais avec des dommages généralement limités sur cette culture. Cependant, la maladie peut devenir nuisible dans les régions avec une longue saison de culture, des températures basses, des périodes prolongées d’humectation des feuilles et un manque de lumière.
Symptômes en végétation
En pomme de terre, les attaques concernent surtout le feuillage. Les folioles touchées présentent des taches de couleur brun à gris clair, de forme d’abord plutôt circulaire Les lésions commencent souvent à la pointe des feuilles et se développent en taches brunes, à l’aspect parcheminé et présentant des formes concentriques fréquemment bordées d’un liseré jaune (photos 1 à 3). Un mycélium gris à gris-brun peut se développer en conditions humides. La progression des lésions plus rapide le long des nervures principales est typique de Botrytis cinerea, ainsi que la présence de mycélium gris et la déformation des tissus affectés.
Ayant gagné les pétioles, cette pourriture peut induire des chancres de tige, bruns et de contour bien délimité.
Les lésions dues au Botrytis sont parfois confondues avec celles du mildiou provoqué par Phytophthora infestans. Cependant, quand il sporule naturellement ou après l’avoir gardé pendant un ou deux jours en chambre humide, le mycélium du mildiou est blanc et soyeux, tandis que le Botrytis cinerea forme un mycélium gris sombre.
Les pétales sénescents sont particulièrement vulnérables à B. cinerea qui peut s’installer sur les inflorescences et les faire pourrir.
Quels que soient les organes affectés, les tissus atteints se couvrent d’une dense moisissure grise caractéristique, constituée des conidiophores et des conidies du champignon.
Symptômes sur tubercule
Les tubercules peuvent être affectés par le Botrytis après avoir gelé ou été atteints par d’autres maladies. Les dégâts se traduisent par une pourriture des tissus atteints avec une moisissure grise.
Facteurs de risques
Botrytis cinerea est un champignon très polyphage qui peut coloniser plusieurs centaines de plantes cultivées ou d’adventices qui constituent des sources potentielles d’inoculum, avec les résidus de culture. Le champignon peut se conserver sur la matière organique et sur les débris végétaux et sous forme de mycélium ou de sclérotes, lesquels persistent dans le sol plusieurs années.
B. cinerea affectionne particulièrement les ambiances humides, avec une humidité relative avoisinant 95 % et des températures comprises entre 17 et 23 °C . On retrouve ces conditions lors de périodes pluvieuses ou à la suite d’irrigations par aspersion. Les plantes affaiblies sont particulièrement vulnérables. Une faible intensité lumineuse favorise le développement de la maladie.
Certaines variétés de pomme de terre sont plus sensibles que d’autres à la moisissure grise.
Moyens de lutte
La lutte contre la pourriture grise ne se justifie que rarement sur pomme de terre où les dégâts s’observent essentiellement en fin de culture, et la protection phytosanitaire se traduit rarement par un gain significatif de rendement.
Les mesures prophylactiques consistent à favoriser l’aération du feuillage, afin d’éviter la présence d’eau libre sur les plantes, d’opter de préférence pour un système d’irrigation par goutte à goutte, d’éviter les stress aux plantes conduisant à des à-coups de croissance, en maîtrisant la fumure azotée, et d’éliminer les débris végétaux après la culture.