Agent(s) responsable(s) et transmission
Les limaces appartiennent au phylum des Mollusques (famille des Gastéropodes) et leur composition, avec plus de 85% d’eau, les rend très vulnérables à l’hygrométrie du milieu et à la dessiccation. Les limaces ont, d’une manière générale, une activité nocturne qui est à mettre en relation étroite avec les conditions météorologiques, et notamment la température et l’hygrométrie.
Deux espèces de limaces sont principalement rencontrées dans les cultures de pomme de terre et sont responsables des dégâts occasionnés sur tubercules : la limace noire et la limace grise.
La limace noire, Arion hortensis (photo 1) mesure de 3 à 4 cm, elle est de couleur bleue-noire avec une face ventrale jaune orangée, le mucus est incolore. Les flancs sont sombres et les tentacules rougeâtres.
Elle vit plutôt en profondeur dans le sol, et est capable de se déplacer de 2 à 3 mètres par nuit. Concernant sa reproduction, elle peut pondre jusqu’à 150 à 300 œufs, majoritairement entre le printemps et l’été. Sa durée de vie se situe entre 12 et 18 mois.
La limace grise, Deroceras reticulatum (photo 2), de taille comprise entre 4 et 5 cm, est de couleur gris-beige avec des réticulations sous forme de taches brunes allongées. Le mucus est de couleur blanc laiteux. Elle vit davantage en surface et, par conséquent, parcourt de plus longues distances (jusqu’à 7 mètres dans la nuit). La limace grise pond de 300 à 400 œufs et engendre bien souvent deux générations par an, à l’automne et au printemps.
De nombreuses cultures maraîchères mais aussi de grande culture peuvent être dévastées par les limaces : colza, céréales à paille, maïs, betterave et aussi la pomme de terre.
Les dégâts dus aux limaces sur pomme de terre sont surtout liés à la détérioration de la qualité des tubercules, du fait des galeries creusées dans la chair et qui peuvent favoriser ensuite le développement de pourritures.
Symptômes sur tubercule
Les attaques des limaces se concentrent essentiellement en fin de cycle de végétation de la pomme de terre, depuis le grossissement des tubercules jusqu’à l’arrachage.
Ce sont surtout les tubercules qui sont touchés : les dégâts se matérialisent par des perforations de la peau (photos 3 à 5), de l’ordre de 4 à 5 mm de diamètre. La limace se nourrit ensuite de la chair en creusant des galeries (photos 4 et 5).
Ce ravageur, capable de consommer le tiers de son poids en une nuit, s’attaque essentiellement aux tubercules de pomme de terre mais il peut aussi défolier les plantes, en laissant des traînées de mucus caractéristiques (photos 6 et 7). Les pertes engendrées, aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif, peuvent atteindre les 30 % de baisse de rendement, voire aboutir au déclassement ou refus du lot de pommes de terre.
Toutes les variétés de pommes de terre ne semblent pas aussi attirantes pour les limaces. Des essais sur l’appétence de variétés de pomme de terre ont montré qu’en parcelle fortement infestée, toutes les variétés testées sont attaquées à des degrés plus ou moins importants.
Par contre, sur des parcelles où les niveaux de piégeage sont plus faibles, certaines variétés sont indemnes de toute attaque, à la différence de variétés sensibles comme Monalisa.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque favorables à l’activité des limaces sont rappelés ci-dessous :
- des conditions climatiques humides (hygrométrie de l’air et humidité du sol en surface) et avec des températures douces (la quantité de nourriture ingérée est maximale entre 15 et 20 °C) ;
- le type et la préparation de sol : les sols les plus favorables sont généralement les sols aérés, motteux et caillouteux et en particulier les sols argileux, limono-argileux et argilo-calcaires retenant l’eau et motteux (= refuges). L’absence de travail du sol ou une préparation superficielle ou grossière (mottes) du sol sont également des facteurs favorables aux limaces ;
- un historique favorable de la parcelle avec l’observation de limaces et/ ou de dégâts sur la culture précédente, la présence de matière organique ou de résidus de récolte, des précédents favorisant : colza, céréales à paille, prairies et jachère ou l’implantation de cultures intermédiaires appétentes : seigle, tournesol, trèfle… ou d’un couvert végétal constituant un biotope favorable aux limaces avec humidité et source de nourriture ;
- l’environnement avec la proximité de talus, de bois, de prairies, de jachère ou de toute autre biotope favorable aux limaces à proximité de la parcelle.
Moyens de lutte
DÉTECTION : PIÉGEAGE
Même s’il ne révèle qu’une fraction des populations présentes, le piégeage permet de détecter la présence des limaces.
Le plus répandu est le piège de 50 cm x 50 cm, constitué d’une nappe plastifiée doublée d’une feuille d’aluminium. En plaçant 4 pièges de ce type par parcelle, sous lesquels une dizaine de granulés anti-limaces sont disposés, on peut appréhender le niveau d’infestation de la parcelle.
Pour la pomme de terre, le seuil d’intervention est considéré à 5 limaces/ m2 à partir du stade grossissement des tubercules. Des essais ont montré que la lutte chimique par épandage de molluscicides a une efficacité de 40 à 70 % : la lutte doit donc essentiellement se faire par l’application de mesures prophylactiques sur toute la rotation.
La lutte contre les limaces doit s’effectuer tout au long de la rotation, notamment par la gestion des intercultures. Quelques mesures préventives sont également à prendre dès la mise en place de la culture de pomme de terre. Elles sont résumées ci-dessous :
GESTION DES INTERCULTURES
- multiplier le nombre de déchaumages dès la fin de récolte des céréales. Effectuer un premier passage superficiel le plus rapidement possible après la récolte des céréales, de préférence avant une période sèche ;
- broyer les résidus de récolte pour éviter les sols « creux » ; le roulage des chaumes est une pratique utilisée pour lutter contre les limaces ;
- limiter la durée d’implantation d’un engrais vert à son strict minimum et favoriser son incorporation par une destruction préalable au labour. D’une manière générale, éviter toute source de nourriture pendant l’hiver (repousses, engrais vert mal incorporé…).
IMPLANTATION ET SUIVI DE LA CULTURE DE POMME DE TERRE
- soigner la préparation du sol afin de limiter les possibilités de déplacements et donc les attaques sur tubercules ;
- en parcelle à risque, choisir une variété peu appétente ;
- adapter la lutte chimique à la présence du ravageur (suivi de l’activité « limaces » par piégeage) : les pommes de terre peuvent être touchées à partir du grossissement des tubercules ;
- utiliser l’irrigation avec parcimonie ;
- limiter le délai défanage – récolte (dans les parcelles à risque, éviter les variétés tardives susceptibles de rester plus longtemps en terre, et donc de favoriser les attaques de limaces).