Agent(s) responsable(s) et transmission
Le virus M de la pomme de terre (PVM) appartient au même genre des Carlavirus que le virus S (PVS). Sa gamme d’hôtes naturels est limitée. Les principales espèces sensibles appartiennent à la famille des Solanacées, parmi lesquelles la pomme de terre est la plus importante. Toutefois le PVM a été transmis expérimentalement à quelques Chénopodiacées et Fabacées.
Il est transmis selon un mode non-persistant par des pucerons comme Myzus persicae, et moins efficacement par Aphis frangulae, A. nasturtii et Macrosiphum euphorbiae. Certains isolats sont transmissibles mécaniquement, par exemple par le matériel agricole.
Symptômes en végétation
Selon l’isolat viral et le cultivar de pomme de terre, les symptômes dûs au PVM peuvent être très légers ou plus sévères et comprendre des marbrures, des mosaïques, des déformations et des enroulements de feuilles qui peuvent être associés à des tiges nanifiées.
Le symptôme le plus typique de PVM (appelé en anglais paracrinkle ou potato leaf rolling mosaic) est celui des « feuilles en cuillère » (photo 1) correspondant à une mosaïque foliaire associée à un enroulement mou des folioles (alors que le virus de l’enroulement provoque un enroulement « craquant » au toucher). Il se produit sur des plantes développées et plutôt sur les feuilles du sommet.
Sur certaines variétés, on peut aussi observer les symptômes suivants (photos 2 et 3) :
- déformations foliaires ;
- légère décoloration des nervures des feuilles du sommet ;
- ondulation du bord des feuilles ;
- mosaïque foliaire.
Les symptômes sont mieux visibles par temps frais et nuageux, comme pour de nombreux autres virus.
Facteurs de risques
L’infection par le virus M résulte de la combinaison :
- de sources d’infection, internes (repousses, tubercules de plant, adventices) et/ou externes (cultures voisines de pomme de terre, jardins, adventices) ;
- de l’importance des vols de pucerons au cours de saison de culture (en lien avec les conditions
- climatiques et les cultures de l’environnement) ;
- des mesures de prévention prises pour la production de plants (épuration, conduite des cultures incluant le désherbage, les traitements en végétation et le défanage ainsi que l’inspection au champ et sur lot et les analyses en laboratoires) ;
- de la sensibilité de la variété de pomme de terre.
Moyens de lutte
Comme le virus M a généralement une incidence limitée sur le rendement, bien qu’il existe des souches plus virulentes, sa maîtrise repose dans la plupart des pays producteurs de plants par le testage du matériel de sélection et des plants de base pour obtenir du plant sain.
En production de plants de pomme de terre, un ensemble de mesures rigoureuses permet de limiter les contaminations par les maladies à virus comme le virus M :
- utilisation de plants sains et contrôlés résultant de la multiplication de plants sains et produits dans le cadre d’un programme de sélection sanitaire et de certification avec des analyses en laboratoire ;
- limitation des passages d’engins agricoles dans les parcelles de production de souches (matériel de prébase et base) ;
- production dans un environnement favorable et dans des zones à faible pression de virus/
- vecteurs et des parcelles éloignées par rapport aux jardins et parcelles utilisées pour la production de pomme de terre destinée au marché du frais ou la transformation ;
- épuration précoce des plants virosés et retrait de toutes les sources d’inoculum comme les repousses et les adventices afin de limiter la dissémination des viroses dans la parcelle ;
- traitement avec des huiles minérales pour réduire la transmission des virus non-persistants comme le virus M ;
- défanage avant maturité afin de limiter la contamination de la descendance (tubercules-fils) liées aux infections tardives associées aux vols de pucerons souvent importants en période de chaleur en fin de culture.
Importance économique
Le virus M est présent dans le monde entier et est courant en particulier en Europe de l’Est et en Russie où certains cultivars peuvent être complètement infectés.
Les pertes de rendement sont en général limitées (10-20 %) bien que certains isolats virulents puissent provoquer de fortes déformations foliaires et conduire à des baisses de rendement plus importantes (allant jusqu’à 50 %).