Agent(s) responsable(s) et transmission
Le virus A de la pomme de terre (PVA) appartient au genre Potyvirus. Il est transmis selon un mode non-persistant par au moins 10 espèces de pucerons, dont les plus efficaces sont Myzus persicae, Macrosiphum euphorbiae, Aphis frangulae et A. nasturtii. Comme dans le cas du PVY, le virus PVA peut être acquis par M. persicae en moins d’une minute et transmis ensuite à une autre feuille sans période de latence. Le virus peut être retenu entre 20 minutes à 2 heures après son acquisition avant de perdre son infectivité.
La gamme d’hôtes du PVA est étroite et limitée à des Solanacées comme le tabac et la tomate.
Le virus A est relativement répandu dans la plupart des zones de production de pomme de terre dans le monde. Il a toutefois beaucoup moins d’impact économique que le virus Y du fait que la plupart des cultivars sont résistants et que les pertes de rendement sont généralement limitées sauf dans le cas de niveaux très élevés d’infection ou de co-infection avec d’autres virus.
Symptômes en végétation
Les symptômes causés par le virus A varient fortement en fonction de la combinaison de l’isolat viral (cinq groupes sont reconnus), de la variété de pomme de terre, des conditions environnementales et du type d’infection, selon qu’il s’agit d’infection primaire ou secondaire.
Dans le cas d’une contamination survenue durant l’année en cours (infection primaire), l’infection peut être asymptomatique ou associée à des symptômes de mosaïques légères et fugaces qui ne touchent généralement qu’une seule tige de la plante et sont visibles surtout par temps couvert. Ces mosaïques sont des décolorations de certaines parties de la feuille, sans déformation du limbe foliaire et qui ne sont pas limitées par les nervures. Cet aspect peut être renforcé en disposant une feuille de papier blanc sous la feuille observée.
En revanche, lorsqu’il s’agit d’une contamination de l’année précédente (infection secondaire), les symptômes peuvent être beaucoup plus prononcés, pouvant correspondre à un gaufrage des feuilles accompagné d’un phénomène de brillance (photo 1) et des mosaïques foliaires plus ou moins marquées selon les variétés (photos 2 à 4). Lors de cette infection secondaire, ce sont toutes les tiges de la plante infectée qui expriment ces symptômes.
Les plantes de pomme de terre co-infectées par le virus A et par d’autres virus comme le virus X ou le virus Y peuvent présenter des symptômes très prononcés de frisolée, de fortes déformations foliaires et être associées à des baisses de rendement.
Les symptômes de virus A varient fortement selon les conditions climatiques, la souche de virus et la variété. Ils sont plus facilement visibles par temps froid et couvert
Facteurs de risques
L’infection par le virus A résulte de la combinaison :
- de sources d’infection internes (repousses, tubercules de plant, adventices) et/ou externes (cultures voisines de pomme de terre, jardins, adventices) ;
- de l’importance des vols de pucerons au cours de la saison de culture (en lien avec les conditions climatiques et les cultures de l’environnement) ;
- des mesures de prévention prises pour la production de plant (épuration, conduite des cultures incluant le désherbage, les traitements en végétation et le
- défanage ainsi que l’inspection au champ et sur lot et les analyses en laboratoire) ;
- de la sensibilité de la variété de pomme de terre.
Moyens de lutte
La plupart des variétés cultivées en Europe sont résistantes au virus A. Sinon, les moyens de lutte sont comparables à ceux contre le virus Y qui a le même mode de transmission.
En production de pommes de terre destinées au marché du frais ou à la transformation, l’utilisation de plants certifiés et de variétés peu sensibles sont généralement des garanties suffisantes.
En production de plants de pomme de terre, un ensemble de mesures rigoureuses permet de limiter les contaminations par les maladies à virus transmises par les pucerons :
- utilisation de plants sains et contrôlés résultant de la multiplication de plants sains et produits dans le cadre d’un programme de sélection sanitaire et de certification ;
- production dans un environnement favorable et dans des zones à faible pression de virus/vecteurs et dans des parcelles éloignées par rapport aux jardins et parcelles utilisées pour la production de pomme de terre destinée au marché du frais ou à la transformation ;
- épuration précoce des plants virosés et enlèvement de toutes les sources d’inoculum comme les repousses et les adventices afin de limiter la dissémination des viroses dans la parcelle ;
- traitement avec des huiles minérales pour réduire la transmission des virus non-persistants comme les virus Y et A, plutôt qu’avec des insecticides qui ne sont efficaces que sur les virus persistants comme le virus de l’enroulement (PLRV) ;
- défaner avant maturité afin de limiter la contamination de la descendance (tubercules- fils) en évitant les vols de pucerons souvent importants en période de chaleur.