Taupins (Wireworms)

Agriotes spp. et Athous spp.

Type d'organisme : Insectes, acariens et myriapodes

Méthode de détection : Visuel

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Agent(s) responsable(s) et transmission

Les taupins sont des insectes de l’ordre des coléoptères (famillle des Elateridae). L’adulte, non nuisible, de couleur brun noirâtre, mesure de 10 à 15 mm et se caractérise, lorsqu’il est sur le dos, par son saut en faisant un bruit sec pour se rétablir pour la marche (d’où son nom anglais de click beetle). La femelle pond de mai à juillet en surface du sol dans une parcelle ayant un couvert végétal (prairie, jachère, céréales, pomme de terre, etc.).

Les dégâts sont causés par les larves, vers de forme allongée et à peau épaisse de couleur jaune-orangé (photo 1), qui ont une taille comprise entre 5 et 25 mm selon leur âge et le stade larvaire. De nombreuses espèces de taupins (genres Agriotes, Athous, Limonius, etc.) peuvent attaquer la pomme de terre mais les quatre espèces les plus nuisibles appartiennent au genre Agriotes. On distingue les espèces à cycle long avec un cycle sur environ 5 ans dont 4 années de vie larvaire souterraine (Agriotes lineatus, Agriotes sputator et Agriotes obscurus) et une espèce à cycle court, Agriotes sordidus (photo 2). Cette dernière, dominante au sud de la France, est en extension dans les régions plus au nord. Son cycle est décrit sur 1 à 2 ans dans le sud, où elle est prédominante, mais il est probablement plus long dans les régions plus septentrionales.

Les larves ont deux périodes d’activité importantes dans l’année, l’une au printemps, l’autre en fin d’été. Les dégâts s’observent à ces 2 périodes pendant lesquelles les larves se situent dans les couches superficielles du sol et s’alimentent beaucoup avant le changement de stade larvaire. Lorsque les conditions climatiques sont moins favorables, en hiver et en été, les larves se déplacent plus profondément dans le sol et cessent de s’alimenter.

Symptômes sur tubercule

Les taupins n’ont en général pas d’action sur le développement végétatif de la pomme de terre.

Par contre, ils se nourrissent de la chair des tubercules en y creusant des galeries (photos 1, 3, 4, 5) ou en faisant des piqûres, qui peuvent fortement dégrader la valeur marchande des récoltes de pomme de terre.

En cas de forte infestation du sol, les tubercules peuvent être gravement endommagés et entrainer le déclassement voire la non-commercialisation des lots touchés.

Facteurs et évaluation du risque

Les dégâts causés par les taupins sur les tubercules (trous et galeries) sont aggravés lorsque la culture précédente a favorisé le développement des populations larvaires, par exemple, dans le cas de prairies permanentes, jachère, maïs irrigué qui sont des précédents favorables à la ponte d’œufs.

Les dommages sont accrus dans les sols humides (pluie, irrigation), qui favorisent la présence de larves près de la surface du sol.

Les risques sont importants en particulier après des précédents favorables à la ponte ou à leur proximité.

Dans le cas d’A. sordidus, dans le Sud, il est observé chaque année des attaques sur toutes les cultures de la rotation.

 

Les dégâts causés par les taupins sur les tubercules dépendent de plusieurs facteurs dont les conditions climatiques et le niveau des populations larvaires dans le sol. Des seuils de nuisibilité de l’ordre de 20 à 40 larves par m² ont été déterminés par sondage à la tarière sur différentes cultures, sachant que la pomme de terre est l’une des plus sensibles.

Il est plus facile de vérifier l’importance de la population dans la parcelle soit par un piégeage larvaire à l’aide d’un appât (pots remplis de vermiculite renfermant un mélange de blé et de maïs), soit par un piège à phéromone capturant les adultes (des pièges à phéromone sont disponibles dans le commerce ainsi que des phéromones spécifiques à plusieurs espèces de taupins dont A. lineatus, A. sputator, A. obscurus, A. sordidus).

Moyens de lutte

La culture de pomme de terre peut être protégée par un traitement de sol en plein ou en localisé dans la raie de plantation avec un insecticide de sol autorisé pour cet usage.

Dans le cas de retournement de prairies ou de jachères, avec forte infestation, il faut au préalable assainir le sol pendant 3 ans, par l’introduction de cultures traitées avec un insecticide (maïs, tournesol, betterave, etc.) et des façons culturales appropriées.

Les travaux du sol, pour être efficaces, doivent être effectués au moment de la ponte de mai à juillet ; ils détruisent en partie les œufs et jeunes larves qui sont très sensibles à la sécheresse mais n’affectent pas les larves âgées.

Cette technique s’applique moins facilement pour A. sordidus qui a une période de vol plus longue et un développement larvaire hétérogène.

Face à la réduction des solutions de protection chimique vis-à-vis de ces ravageurs, il est indispensable de développer des stratégies intégrées de protection, en combinant un ensemble de leviers (itinéraires culturaux, sensibilité de la plante, solutions de biocontrôle, etc.) à l’échelle de la parcelle mais aussi du système de culture.