Agent(s) responsable(s) et transmission
Les nématodes à kyste de la pomme de terre sont des vers endoparasites sédentaires dont la forme de conservation (les kystes) est capable de survivre dans le sol pendant de nombreuses années et constitue un mode efficace de dissémination.
En parcelles fortement contaminées, les femelles adultes peuvent être visibles à l’œil nu pendant la végétation sous forme de petites boules (kystes) de très petite taille (0,5 à 1 mm) attachées aux racines de la plante.
Selon l’espèce de nématode, la couleur de ces kystes est d’abord jaune pâle puis jaune doré chez Globodera rostochiensis, blanche chez Globodera pallida avant de devenir brune.
De petite taille, ils se confondent facilement avec les particules de terre. Ces nématodes ne sont pas mobiles (à l’exception des larves mâles) mais les kystes peuvent être véhiculés facilement d’une parcelle à l’autre par le biais du transport de terre sur les outils agricoles, les roues des tracteurs ou tout autre moyen entraînant un transport de terre (chaussures, eau de ruissellement, etc.). Ils peuvent être véhiculés à plus longue distance à la faveur de la circulation de terre provenant d’une parcelle infestée et présente sur les produits végétaux utilisés pour la replantation (tubercules, bulbes, rhizomes, plants racinés).
Ces nématodes effectuent un cycle de vie complet synchronisé avec la croissance des pommes de terre, avec un taux de multiplication très élevé de 1:400-500.
Ces deux espèces de nématodes à kyste sont présentes dans de nombreuses zones de production de pomme de terre dans le monde où elles sont considérées comme des ravageurs redoutables de la culture. Comme l’éradication est très difficile, leur statut de parasite de quarantaine impose de strictes mesures préventives comme l’analyse des sols destinés à la production de tubercules de plant pour préserver la qualité sanitaire des parcelles et prévenir la dissémination de ces nématodes.
Lorsque la présence de ces nématodes est soupçonnée, l’analyse de sol permet un diagnostic fiable, à condition que l’échantillonnage soit réalisé avec soin.
Symptômes en végétation
Pendant la période de végétation, la présence de nématodes à kyste sur la parcelle se traduit par l’observation de foyers, ou zones plus ou moins circulaires, à végétation faible (photo 1). Les baisses de rendement sont proportionnelles au niveau d’infestation du sol avant plantation et peuvent atteindre fréquemment 50 %, notamment en sol sableux.
L’observation de plantes arrachées dans ces foyers pendant la tubérisation (photo 2) montre sur le système radiculaire la présence des femelles blanches ou jaunes (photos 3 et 4) et de kystes bruns (photo 5).
Symptômes sur tubercule
Des dommages directs peuvent être observés sur les tubercules, sous forme de petites zones nécrotiques superficielles (photo 6).
Facteurs de risque
Une fois introduites dans un champ via les kystes présents dans la terre adhérente au matériel agricole ou sur les tubercules plantés, les populations de Globodera vont se multiplier lors de la culture de pomme de terre. Leur développement est ainsi favorisé par les rotations courtes de cultures sensibles de Solanacées et le transport de terre contaminée via les engins agricoles ou les plants (de pomme de terre ou de légumes) en provenance de zones contaminées.
La présence de repousses entretient les populations de nématodes qui sinon décroissent progressivement avec le temps, et d’autant plus vite que les températures sont contrastées et l’humidité du sol faible.
Du fait de la spécificité de la résistance génétique des variétés de pomme de terre, l’identification imprécise des populations de Globodera spp. et l’emploi répété de variétés résistantes inadaptées peuvent conduire à un basculement au sein de populations mixtes des deux espèces de nématodes depuis une prévalence de G. rostochiensis (pour lequel la résistance génétique est disponible) jusqu’à celle des populations de G. pallida (pour lequel la résistance est moins répandue).
Conservation : Le kyste résulte de la transformation de la femelle après la fécondation. Il peut renfermer plus de 1 000 larves (photo 7) et il est l’élément essentiel qui assure la conservation et la dispersion du nématode. Entouré d’une paroi très épaisse, il est très résistant à l’action des températures basses et peut se conserver dans le sol pendant de nombreuses années (viabilité pouvant atteindre 10 à 20 ans selon le climat).
Moyens de lutte
Ces organismes réglementés de quarantaine font l’objet de mesures de lutte obligatoire car il n’existe pas de méthode de lutte curative. Il faut donc respecter un ensemble de mesures préventives :
- planter en parcelle reconnue indemne de kystes d’après une analyse de sol en laboratoire ;
- utiliser du plant sain et certifié ;
- respecter des rotations longues (4 ans au minimum) ; éliminer les repousses des parcelles ;
- choix variétal : de nombreuses variétés sont résistantes à G. rostochiensis (possibilité de dommages mais sans formation de nouveaux kystes). Pour G. pallida, la résistance est moins fréquente et plutôt de type “partielle” car, après culture de telles variétés dans des champs infestés de G. pallida, il y a formation de nouveaux kystes mais à des niveaux beaucoup plus faibles que pour les variétés sensibles. Quelques variétés portent la double résistance totale contre G. rostochiensis et partielle contre G. pallida ;
- réaliser un traitement nématicide du sol permet de réduire l’impact de ces ravageurs sur le rendement de la pomme de terre mais sans prévenir complétement le développement de nouvelles populations ;
- en zones primeuristes, la récolte hâtive de variétés précoces permet d’interrompre le cycle des nématodes, en limitant voire interdisant leur multiplication, ce qui peut réduire de façon conséquente la formation de nouveaux kystes ;
- d’autres méthodes alternatives ont montré des résultats. La solarisation – destruction thermique des kystes présents dans le sol – peut être envisagée lorsque le climat est favorable. Les cultures pièges, impliquant la plantation d’une plante hôte comme la pomme de terre (de préférence une variété résistante) et la destruction de la culture avant la formation de kystes peut réduire très fortement les populations de nématodes mais à condition de le faire avec l’appui d’un nématologiste pour évaluer le bon stade de destruction.
Une combinaison de ces méthodes peut aider à maintenir les populations de nématodes à un niveau suffisamment bas.