Agent(s) responsable(s) et transmission
La galle verruqueuse est une maladie grave de la pomme de terre provoquée par un champignon du sol, Synchytrium endobioticum, appartenant à l’ordre des Chytridiales. Ce parasite obligatoire ne produit pas de mycélium, mais des sporanges abondants qui provoquent la formation de tumeurs. À maturité, les sporanges libèrent des zoospores, organes de dissémination et de contamination, qui peuvent se déplacer grâce à l’eau du sol. Ce champignon peut se conserver de nombreuses années (plus de 40 ans) dans le sol, sous forme enkystée (spores de conservation).
Bien que potentiellement parasite de plusieurs Solanacées (tomate, aubergine, adventices) dans le cas d’infections artificielles, ce parasite est majoritairement inféodé à la pomme de terre. Le mode cultural de cette espèce (tubercules de semence) impose des mesures de quarantaine strictes pour lutter contre ce pathogène du sol.
La contamination primaire se fait majoritairement par le plant et/ou de la terre contaminés.
La galle verruqueuse peut être une préoccupation majeure pour la production de pommes de terre. En effet, elle est très difficile à éradiquer une fois introduite dans une parcelle et elle peut provoquer des pertes importantes de rendement (allant jusqu’à 50 – 100 %). Ce champignon est présent sur tous les continents (sauf l’Antarctique), et il sévit particulièrement en climat froid et humide, comme en Europe du Nord et Centrale (Pays-Bas, Allemagne, Pologne, République tchèque). Des législations sévères sont appliquées pour éviter sa diffusion. En Europe, par exemple, cet agent pathogène est considéré comme parasite réglementé et est classé comme un organisme de quarantaine (liste A2 de l’OEPP).
La variabilité de ce pathogène redoutable est très importante et se traduit par l’existence de nombreux pathotypes (plus de 30), définis par leur virulence envers différentes variétés de pomme de terre. Le pathotype 1 est prédominant en Europe, suivi des pathotypes 2, 6, 8 et 18.
Symptômes sur tubercule
Les attaques de galle verruqueuse se situent principalement en dessous du niveau du sol (photo 1), ce qui rend leur détection difficile avant la récolte. En conditions très humides, il peut arriver de les observer également sur les parties aériennes.
Les tumeurs, dues à la prolifération des cellules infectées, sont de taille très variable (quelques mm à la taille du poing) et se développent principalement au niveau :
- des lenticelles ;
- des stolons ;
- des parties souterraines de tiges.
Elles ne se forment jamais sur les racines, à la différence de la gale poudreuse ou des nématodes à galle. Les tumeurs, d’abord blanchâtres, noircissent au contact de l’air (photo 2) et libèrent une substance noire contenant les spores. Les tumeurs peuvent verdir si elles sont exposées à la lumière (photo 3).
Les symptômes peuvent évoluer au cours de la conservation des tubercules.
Facteurs de risques
Les conditions les plus favorables au développement de la maladie sont des climats frais et humides (températures moyennes en été inférieures à 18 °C, hivers froids prolongés et précipitations annuelles supérieures à 700 mm).
La maladie est favorisée par les sols retenant l’humidité.
Moyens de lutte
Ce parasite est classé organisme de quarantaine et est très difficile à éradiquer une fois introduit dans une parcelle.
Comme il n’existe aucun moyen de lutte chimique efficace, des mesures préventives et de surveillance strictes s’imposent, comme :
- utiliser des plants certifiés ;
- planter des variétés résistantes comme mesure préventive, notamment dans le cas de culture de pomme de terre en zone potentiellement infestée (à proximité de foyers, par exemple). En Europe, des listes nationales recensent les variétés résistantes disponibles. Il existe de nombreuses variétés résistantes au pathotype 1, mais peu de variétés sont résistantes aux autres pathotypes ;
- réduire l’importance des zones infestées par la surveillance systématique des lots.
Les capacités de dissémination naturelle de ce champignon étant limitées, les mesures strictes de lutte instaurées ont déjà permis de l’éradiquer dans certain(e)s régions/pays. Il est néanmoins nécessaire de continuer à maintenir ces mesures pour éviter une réintroduction de la maladie ainsi que l’émergence de nouveaux pathotypes.