Pourriture annulaire et flétrissement bactérien (Ring rot)

Clavibacter sepedonicus

Type d'organisme : Bactéries

Méthode de détection : Immunofluorescence (sérum INRA-FNPPPT), PCR

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Agent(s) responsable(s) et transmission

La bactérie Clavibacter sepedonicus (anciennement dénommée Clavibacter michiganensis subsp. sepedonicus et Corynebacterium sepedonicum) est l’agent responsable du flétrissement bactérien de la pomme de terre en végétation et de la pourriture annulaire sur les tubercules. C’est une bactérie de la famille des Microbacteriaceae, Gram positive, non mobile, non sporulente et majoritairement aérobie. Son optimum thermique est compris entre 20 et 23 °C.

La bactérie pénètre dans le système vasculaire (xylème) de l’hôte par des blessures naturelles ou artificielles et va ensuite se propager dans la tige, les feuilles, les racines et les stolons de la plante. La multiplication des bactéries ainsi que l’accumulation des produits de dégradation des tissus végétaux provoquent l’occlusion des vaisseaux du xylème et perturbent la circulation de la sève, provoquant alors le flétrissement de la plante.

L’hôte naturel de cette bactérie est la pomme de terre bien que des contaminations naturelles sur plantes de tomates aient été observées en Belgique. Les espèces Beta vulgaris (betterave) et Solanum sarrachoides (morelle sp.) ont été décrites comme hôtes naturels de C. sepedonicus mais sans que ces observations aient été confirmées. Clavibacter sepedonicus est toutefois capable de provoquer des symptômes typiques sur tomate, aubergine et Solanum rostratum et de se maintenir sur des cultures de maïs, haricot, pois et colza ainsi que sur diverses adventices (Poa annua, Elymus repens, Taraxacum officinale, Urtica dioica et Veronica chameaedrys) après inoculation artificielle ; aucune contamination naturelle de ces espèces par la bactérie n’a été observée.

Les tubercules infectés constituent une des principales sources d’inoculum. Ils peuvent être porteurs d’infections latentes sur plusieurs générations avant que le taux d’inoculum ne devienne suffisamment important pour provoquer les symptômes caractéristiques de la maladie.

Les blessures provoquées lors de la manipulation des tubercules, les contacts entre tubercules contaminés et tubercules sains, l’utilisation d’équipement, de matériel agricole ou de locaux de stockage contaminés constituent également des voies de contamination.

Certains insectes comme le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) et le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) peuvent être vecteurs de la bactérie.

Découverte en premier lieu dans le nord de l’Europe, Clavibacter sepedonicus a été signalée dans plusieurs pays d’Europe, en Amérique du Nord et en Asie.

C’est une bactérie présente majoritairement dans les régions tempérées froides de l’hémisphère nord. Des signalements ont également été faits dans des pays à climat plus chaud comme la Grèce, le Mexique, le Pakistan et Taiwan mais de façon sporadique.

La bactérie peut causer de graves dommages aux cultures de pomme de terre et être responsable de pertes de rendements importantes (jusqu’à 50 %), même en l’absence de symptômes.

Le Règlement Santé des Végétaux 2016/2031 de l’Union Européenne classe la bactérie Clavibacter sepedonicus comme organisme de quarantaine pour laquelle aucune tolérance n’est admise et qui fait l’objet de contrôles importants en production et à l’importation. Des mesures sanitaires sont appliquées rapidement en cas de découverte de foyers, telles que la destruction des cultures et/ou des tubercules contaminés ainsi que la désinfection du matériel agricole et de stockage.

Symptômes en végétation

La colonisation de la plante par la bactérie se fait de façon asymptomatique pendant une longue période et ce n’est qu’en fin de végétation que les symptômes apparaissent, rendant le diagnostic difficile car ils sont souvent masqués ou confondus avec ceux d’autres maladies ou avec la senescence naturelle des plantes. Les plantes infectées peuvent parfois avoir une taille plus petite que celle des plantes saines.

Les premiers symptômes se caractérisent par un flétrissement des feuilles basales qui s’enroulent et se chlorosent. Le flétrissement progresse lentement ensuite vers l’apex (photos 1 et 2). Il ne s’accompagne pas d’une décoloration de l’ensemble des feuilles mais plutôt de zones décolorées en jaune-orangé entre les nervures et au bord des folioles. Lors de très fortes infections, des tiges voire des plantes entières peuvent mourir.

Symptômes sur tubercule

L’expression de la maladie sur les tubercules se caractérise en début d’infection par une coloration blanche à jaunâtrêtre de l’anneau vasculaire. Ce dernier va libérer un exsudat formé par les bactéries et les cellules végétales décomposées (photo 3). Les tissus vasculaires infectés ont un aspect liégeux. En phase avancée de la maladie, le tubercule se craquelle en surface et des taches sombres apparaissent sous le périderme. Il se décompose ensuite sans odeur particulière et une cavité peut se creuser à l’intérieur et gagner l’ensemble du tubercule (photo 4).

L’expression des symptômes dépend des cultivars, certains multipliant la bactérie sans symptôme apparent ; ils sont appelés hôtes tolérants.

Facteurs de risques

Les conditions environnementales jouent un rôle important sur l’expression de la maladie. Des températures de sol de 25 °C vont favoriser le flétrissement des plantes alors que très peu de symptômes ne seront visibles à 16 °C.

La conservation de la bactérie dans un sol en l’absence de sa plante hôte semble faible. Les débris de plantes, les tubercules laissés au champ et les repousses constituent des lieux d’hébergement de la bactérie lui permettant de survivre plusieurs années dans les parcelles. Les conditions fraîches et sèches du sol favorisent également la conservation de la bactérie.

Clavibacter sepedonicus a la capacité de survivre à des températures basses (< 5 °C) et en conditions sèches sur des surfaces neutres (sacs de jute, pallox, caisse) pendant des durées pouvant atteindre 18 mois.

Les échanges commerciaux de tubercules de zones contaminées vers des zones indemnes constituent un risque important de dissémination de C. sepedonicus. La présence de la bactérie à l’état latent peut masquer la contamination des tubercules qui ne pourra éventuellement être révélée qu’avec l’application de méthodes de détection performantes.

Moyens de lutte

Les méthodes préventives et la lutte intégrée constituent le meilleur moyen pour réduire l’impact de cette maladie lorsqu’elle est présente dans un lieu donné et éviter son introduction dans des zones saines.

Les mesures préconisées sont les suivantes :